niponica NO.15 (2024)

Japon, une histoire d’eau

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L’eau : une ressource naturelle
à portée de main au Japon

Pour ce qui est de l’eau, les Japonais ont longtemps eu la vie facile. Tournez le robinet et profitez d’une eau claire et saine—rien de plus simple en apparence, mais cela demande beaucoup de dur travail en coulisses.

Photos par courtoisie du Gouvernement métropolitain de Tokyo, Musée historique des eaux de Tokyo

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Ces bouteilles d'eau, captées directement sur le réseau municipal, sont prêtes à être commercialisées.

Poussez la porte d’un café au Japon : à peine êtes-vous assis qu’un verre d’eau glacé apparaît sur la table. Il y a des fontaines partout, depuis les bureaux des services publics jusqu’aux bibliothèques en passant par les grands magasins et les hôpitaux. Étanchez votre soif—c’est gratuit ! Dans les parcs, les enfants échauffés par leurs courses folles se rafraîchissent en mettant la tête sous les robinets. Partout dans le pays, dans les villes grandes ou petites, vous n’aurez aucun mal à trouver de l’eau potable, sans dépenser un centime la plupart du temps.

Il semble évident d’avoir de l’eau partout, tout le temps, toujours bonne à boire. Cela fait partie de la qualité de vie à la japonaise.

Saveur délicieuse, technologie de pointe

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En pleine nuit, des employés de la compagnie des eaux détectent, à l’aide d’instruments, d’éventuelles fuites sur les conduites souterraines.

Comment tout cela est-il possible ? C’est que le Japon bénéficie d’un système de distribution hydraulique parmi les meilleurs du monde, en terme de qualité comme de débit. À titre d’exemple, Tokyo compte pas moins de 27 000 kilomètres de conduites souterraines, soit, mises bout à bout, une longueur équivalente à deux tiers de la circonférence de la planête.

« Cela ne veut pas dire qu’il est chose facile de traiter et de fournir une eau potable et de bon goût, dans les conditions dans lesquelles se trouve Tokyo. Il faut surveiller les sources, et pour cela, conserver et entretenir d’importantes zones forestières. Et à l’autre bout, il s’agit de contrôler et de faire fonctionner les conduites. C’est beaucoup de travail et d’attention au détail, » nous précise un cadre du Bureau du service des eaux du Gouvernement métropolitain de Tokyo.

L’énorme population de Tokyo nécessite un volume d’eau rien moins que colossal, avec un réseau hydrographique loin d’être d’une pureté cristalline. C’est pourquoi, par exemple, les équipements de traitement des eaux de la rivière Tone emploient non seulement une procédure de filtration classique, mais aussi des systèmes de pointe pour éliminer odeurs et impuretés au moyen d’ozone et de carbone bio-actif.

Les résultats sont remarquables, puisqu’une enquête au sujet de l’eau potable réalisée auprès des habitants a montré que près de la moitié des personnes interrogées trouvent que l’eau du robinet a meilleur goût que l’eau minérale en bouteille du commerce.

La qualité de l’eau repose aussi beaucoup sur la qualité des conduites. Le service des eaux travaille dur à leur entretien, remplaçant régulièrement certaines portions, et pourchassant les fuites pendant la nuit partout dans la ville. Les inspecteurs placent un genre de stéthoscope à la surface de la route pour détecter le son d’une éventuelle fuite. Cela permet de maintenir un taux de fuites très bas (environ 2%, peu ou prou, sur les quelque dernières années). C’est l’un des meilleurs résultats du monde (il n’est pas rare, dans les grandes villes, même d’un pays développé, que les fuites se situent entre 10 et 20%).

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Le Gouvernement métropolitain de Tokyo traite l’eau à l’ozone. 1: Générateur d’ozone. 2: Bassin de traitement à l’ozone. L’ozone est un oxydant, dont le rôle est de décomposer les matières organiques.

Un système de conduite d’eau inventé en 1590

Le réseau d’alimentation en eau de Tokyo ne date pas d’hier, puisqu’un projet intitulé Koishikawa Josui (Alimentation en eau de la Koishikawa) vit le jour en 1590. Une technologie plutôt avancée pour l’époque : des conduites ou des tuyaux de bois ou de pierre transportaient l’eau jusqu’à des citernes, un système de siphons lui permettant le cas échéant de couler vers le haut ; des tuyaux furent installés dans le lit des rivières, et un réseau de conduites principales fut mis en place à travers la ville (qui s’appellait Edo en ce temps-là).

De nombreuses citernes permettaient aux habitants de puiser leur eau à boire ou pour le nettoyage. C’était presque aussi pratique que de tourner un robinet de nos jours—chacun avait accès à autant d’eau que désiré, n’importe quand. Et tout cela fut mis en place il y a tout de même plus de quatre siècles.

De nos jours, vivre au quotidien avec l’eau à portée de main est évidemment considéré comme quelque chose de tout à fait basique. Quand on se lève le matin, notre premier geste est probablement de prendre un verre, tourner le robinet et boire, tandis que, juste avant de se coucher, l’on se délassera sans doute dans un bon bain chaud. Une quantité illimitée d’eau de bonne qualité—un autre aspect de la vie japonaise.

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Gravure sur bois ukiyoe du XIXe siècle représentant un paysage le long d’un canal d’alimentation en eau d’Edo (le Tokyo actuel). Gravure intitulée Meisho Edo Hyakkei: Sekiguchi Josuibata Basho-an Tsubakiyama (“Hermitage de Basho sur la colline aux camélias le long de l’aqueduc de Sekiguchi”), de la série «Cent Vues célèbres d’Edo», par Utagawa Hiroshige. (Photo par Aflo)

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Conduite enterrée en pierres qui faisait autrefois partie du réseau d’alimentation Kanda Josui, développé et construit par Koishikawa Josui (Alimentation en eau de la Koishikawa). Déplacée et reconstruite sur le site actuel.

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Conduite de bois servant autrefois à fournir de l’eau aux habitants d’Edo. Faite d’une essence réputée pour sa solidité et construite de manière à être étanche.

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Vestiges d’une citerne du vieil Edo, qui se présentait enterrée jusqu’aux deux-tiers environ. L’eau y arrivait au moyen de conduites, et s’y accumulait en attendant de servir.

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Author: Rev. Leonie Wyman

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